Ben bir sorun var
2décembre 19, 2013 par Mat
Il faut que je vous l’avoue : j’ai un affreux défaut d’écriture. Un défaut dont vous chers lecteurs-trices soupçonniez peut-être l’existence, mais que moi j’ignorais. J’en ai maintenant pris conscience et je crois qu’il est temps pour moi d’assumer.
Alors, voilà : je fais partie de ces gens insupportables qui ne parlent aucune langue correctement, mais ne ratent aucune occasion pour étaler leur vocabulaire en espagnol, en portugais, en allemand, en tchèque, en mandarin…
Donc, regardons les choses en face : je ressemble à cet vieil oncle hyper-agaçant (qui existe dans presque toutes les familles) et qui à l’approche des fêtes ne peut pas s’empêcher d’envoyer des cartes de voeux en arabe ou en finnois, rien que pour faire l’intéressant. Ben, moi c’est pareil. Je souffre du même trouble.
Et, pour ces malades (dont nous sommes, votre oncle et moi), Schaerbeek c’est le lieu rêvé : ça pullule de nationalités. Du coup, nous pouvons nous adonner librement à notre penchant vil et malsain pour la pratique de langues mal-maîtrisées. Siamo patetici.
Le pire c’est que nous sommes convaincus de « pratiquer » ces langues par curiosité. Alors, que tout le monde a très bien compris que, si nous faisons cela, ce n’est pas curiosité mais par orgueil. Mais oui! Si nous cherchons à nous montrer ouverts aux autres, c’est en fait dans le seul but d’exclure ceux et celles qui se croient moins ouverts que nous. Exclure les gens par excès d’ouverture d’esprit, moi j’vous le dis, c’est moche, très moche :(.
Certains d’entre nous le font bien sûr mieux que d’autres… et parviennent pour un temps à faire illusion. Je pense par exemple à ce type qui récitait du Nietzsche à des germanophones, sans connaître un mot d’allemand, et qui a fini par se faire choper grâce à un aphorisme de friterie bavaroise (« Alles hat ein Ende nur die Wurst hat zwei »).
Mais, moi, j’ai jamais pu faire illusion :(. Pas plus tard qu’hier, j’ai par exemple lancé à mon épicier colombien un petit « hola señor Lopez« , en mode « moi, vous savez, je suis Belge de naissance, mais Latino d’adoption ». Je voyais bien que, lui, ça l’énervait : il y avait quelque chose dans sa réaction impassible qui me faisait comprendre que je n’étais du tout adopté.
Ce matin, j’ai donc enfin pris conscience de mon infirmité et je sens qu’il est temps pour moi de décrocher. Mais, c’est comme avec le tabac : pour bien arrêter, il faut marquer le coup une toute dernière fois en grillant… une bonne petite cigarette. Alors, voilà : laissez-moi le plaisir de vous faire part, une toute dernière fois, de mes pseudo-rudiments dans une langue que je ne connais pas du tout.
« Bonjour », en turc, c’est « merhaba ». Et, « au revoir » c’est « güle, güle ».
Aah, oui, qu’est-ce que c’est bon de vous dire ça ! Allez, je grille le reste du paquet avant de commencer à arrêter …
Bonjour : Merhaba, Selam
Au revoir : Güle, güle, Allahaismarladik
Oui / Non : Evet / Hayir
D’accord : Tamam
S’il vous plaît : Lütfen
Excusez-moi : Affedersiniz
C’est bien : Güzel
Bien sûr : Tabii
Peut-être : Belki
Merveilleux : Harika
Merci beaucoup : çok teşekkür ederim
Pas de quoi : bir şey değil
Je n’ai pas compris : Anlamadim
J’ai un problème : Ben bir sorun var
¡Me encantó este post!
(je ne réponde pas en français car je ne veux pas être comme ton uncle…)
jeje, gracias querido Sr. Lopez;)