« Pourquoi diable ? » ou l’incroyable histoire de Camille Jenazy

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décembre 14, 2013 par Mat

Pourquoi nos footeux nationaux s’appellent-t-ils les « diables rouges »? Voici ce qu’on m’a toujours raconté et que j’ai toujours cru : en 1905, l’équipe nationale de football revêt pour la première fois le maillot rouge. L’année suivante, au lendemain de deux victoires successives contre la France et les Pays-Bas, l’éditeur de La Vie Sportive Pierre Walckiers décide, dans un moment de transe patriotique, de qualifier les internationaux belges de « diables rouges ». 

La 1ère sélection nationale belge, à l'époque où ils ne s'appelaient pas encore les "diables rouges"

La 1ère sélection nationale belge, à l’époque où ils ne s’appelaient pas encore les « diables rouges »

Oui, mais pourquoi diable ? Nous savons parfaitement pourquoi le Mexique a ses « dragons rouges », Salzbourg ses « taureaux rouges », Saint-Ouen ses « étoiles rouges », Lens ses « tigres rouges », Bordeaux ses « coqs rouges », la France ses « cartons rouges »… Mais, sait-on vraiment pourquoi la Belgique a ses « diables rouges » ? Que s’est-il donc passé dans la tête de Pierre Walckiers, le soir du 29 avril 1906, au moment précis de la victoire de la Belgique contre les Pays-Bas, pour qu’il s’écrie « diables rouges » (plutôt taureaux, veaux, vaches, cochons rouges)?

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Voici une théorie plausible : il se peut que, impressionné par la vitesse de jeu de nos joueurs en maillot rouge, Walckiers ait immédiatement songé au célèbre coureur automobile belge, Camille Jenatzy.  La silhouette filiforme, la conduite nerveuse et la barbe rousse de ce jeune schaerbeekois lui valaient à l’époque, en Angleterre, le sobriquet de red devil.

Ce fils d’immigrés polonais – fils de Constant Jenatzy, fabricant de pneus et autres objets en caoutchouc – est, en fait, bien plus qu’un pilote de course. Il est l’inventeur d’un moteur à traction électrique. Au terme de ses études d’ingénieur, Camille quitte Bruxelles pour Paris, où il développe une usine de fiacres et de camionnettes électriques : la Compagnie Générale Belge de Transport Automobile Jenatzy. 

Le principal concurrent de Jenatzy s’appelle Jeantaud et devient, en 1898, le fabricant de l’automobile la plus rapide du monde : le « Duc ». Ce véhicule électrique, piloté par Gaston de Chasseloup, parvient, le 18 décembre 1898, à atteindre la vitesse inouïe de 63,15 km/h. A la fin du mois de décembre 1898, Jenatzy lui vole son titre en propulsant une des ses machines à la vitesse de 66,66 km/h.

Chasseloup récupère ensuite la place qui lui a été ravie, en dépassant la barre des 70km/h. Jenatzy reprend sa première place (80,35 km/h, fin janvier 1899). Chasseloup atteint enfin 90 km/h, début mars. Et, de longues semaines se passent sans que Camille Jenatzy ne refasse surface. Certains en concluent qu’il a définitivement jeté l’éponge.

Camille Jenatzy prépare en réalité sa revanche dans le plus grand secret. Il met au point un véhicule très léger, en forme d’obus et équipé de deux moteurs électriques. Véhicule que sa femme a l’idée originale de baptiser : la « Jamais Contente« . Inaugurée le 31 mars, la « Jamais Contente » franchit, le 29 avril 1899, la barre des 100 km/h.

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Le 29 avril 1899, Jenatzy dépasse la barre des 100 km/h

Mais, voilà : curieuse histoire que celle de l’innovation technologique. Quelques mois après cet ultime record de vitesse, les moteurs à traction électrique Jenatzy et Jeanaud tombent dans l’oubli, tandis que le moteur à combustion d’Etienne Lenoir ressort des oubliettes… et s’impose pour plus d’un siècle comme principal moyen de transport routier.

Si vous voulez en savoir davantage sur l’incroyable histoire de Camille Jenatzy, je vous invite à prendre contact avec Philippe Debroe, qui lance en ce moment un projet d’exposition intitulé « Camille Jenatzy. Le premier des diables rouges« . Si vous touvez (comme moi) cette histoire fascinante, n’hésitez pas à parrainer son projet à partir du site KissKissBankBank. Il vient de commencer sa collecte de fonds et doit atteindre la 7500 EUR avant la mi-mars 2014.

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Affiche du projet d’exposition « Camille Jenazy. Le premier des diables rouges »

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Camille Jenazy décède tragiquement d’un accident de chasse, à Habay-la-Neuve, le 7 décembre 1913

2 thoughts on “« Pourquoi diable ? » ou l’incroyable histoire de Camille Jenazy

  1. […] que – à l’heure où Camille Jenatzy testait son véhicule électrique pour lui faire dépasser la barre des 100 km/h – un autre […]

  2. […] que – à l’heure où Camille Jenatzy testait son véhicule électrique pour lui faire dépasser la barre des 100 km/h – un autre […]

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