à propos des SEL

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janvier 15, 2013 par Mat

Le 4 janvier dernier, j’ai voulu m’initier au vermicompostage. Ne sachant pas où trouver les vers de Californie nécessaires à la fabrication de la compostière, je me suis rendu sur le site du SEL de Schaerbeek – en me disant que là-bas, peut-être, quelqu’un pourrait m’aiguiller – et j’ai tenté de m’y inscrire. Le 13 janvier, je reçois une charmante réponse, qui dit en gros ceci …

Bonjour,
Vous pouvez venir à une séance d’inscription, le 1er jeudi du mois, à 19h , 208 av Dailly 1030, à la maison de Quartier,
au plaisir de vous rencontrer,
Jojo pour Selavie

J’y serai bien sûr. Mais, je n’ai pas envie d’attendre le 7 février pour lancer ma compostière : donc j’essaie d’obtenir ce que je cherche par d’autres moyens. Et il se trouve que, aujourd’hui, je tombe sur un site britannique qui s’appelle Streetbank : ce site offre aux internautes du monde entier la possibilité de se mettre en contact avec des voisins qui ont des biens et des services à offrir ou à demander. Et je tombe immédiatement sur une certaine Kendrah, qui offre justement (par hasard) des services de « worm composting » à deux pas de chez moi.

Mon Dieu, les choses ont tellement changé en cinq ans. Il y a cinq ans, si quelqu’un m’avait dit qu’une société commerciale pourrait un jour se lancer dans le « business » de l’entraide de voisinage, je lui aurais ri au nez. Aujourd’hui, c’est possible : je vois des gens qui commencent (très sérieusement) à parler « perspectives économiques en termes de création de lien social ». Et, je vois des sociétés comme Couchsurfing (2004), Airbnb (2008), Streetpage (2010) et Streetbank (2010),  qui s’efforcent d’offrir aux internautes ce que les SEL offrent aux selistes depuis vingt ou trente ans.

Et, je me dis : dans les années à venir – ne serait-il pas possible que les SEL se fassent couper l’herbe sous le pied par une ou plusieurs sociétés à visée commerciale ? Ce serait triste. Les SEL – les soixante SEL de Belgique – ont, je crois, une culture à défendre : une culture à visée « sociale » et « non-commerciale » qui pourrait, demain, être menacée par des entreprises, de plus en plus nombreuses, qui se rallient au slogan : «  l’accès et le partage plutôt que le propriété » et sous la bannière de l’économie collaborative ou de l’économie peer-to-peer.

Comment défendre cette culture des SEL (déjà fortement implantée dans notre pays) face à la montée en puissance de l’économie collaborative ? Je crois qu’une bonne réponse à ce phénomène serait de créer une nouvelle interface – une interface unique – qui permette à des « voisins » de s’inscrire et de se mettre en contact les uns avec les autres plus simplement, plus rapidement et plus efficacement qu’aujourd’hui.  Ne me comprenez pas mal: il ne s’agit pas de se lancer dans une entreprise mégalo, ou de créer un SEL géant, rien de tout cela… il s’agit simplement de protéger une culture non-commerciale de ce qui me semble être « menacée » par une série de tentatives de récupération économique.

Peut-être que l’idée est mauvaise, à vous de me dire…

26 thoughts on “à propos des SEL

  1. Mathieu dit :

    J’ai eu une réponse du SEL de Schaerbeek… par mail. Le mail dit ceci : « Nous fonctionnons comme ça, et oui, ça prend du temps, cela permet aussi aux personnes de réfléchir, surtout celles qui veulent s’inscrire dans l’unique but de recevoir un service urgent ».

    J’y réponds ici très brièvement :

    c’était pas une critique vis-à-vis du SEL (il n’y avait pas non plus de volonté de s’inscrire « dans le seul but d’obtenir un service urgent »). J’ai déjà été membre d’un SEL, et j’en apprécie énormément la philosophie et le fonctionnement. Puis, je suis d’accord que la lenteur des SEL est aussi se qui permet d’instaurer un climat de confiance entre les membres, je trouve ça très chouette : il ne suffit pas de « cliquer », il faut se rendre à des réunions, participer à des AG… Très bien. Mais, ce n’était pas l’objet de mon article. Je parlais d’un risque : le risque qu’un jour une société du style de « Streetbank » coupe l’herbe sous le pied des SEL. Est-ce que ce risque existe, oui ou non?

    • alain ador dit :

      en souhaitant obtenir du lombric plus vite,tu participes toi même à l’appel d’offre de tels sociétés,tu participes donc à l’expansion,la justification de la demande économique…en gros tu craches en l’air et tu te plains qu’il pleut…nous « consommateurs sommes aussi complètement acteurs du système,personne ne t’as forcé à chercher à trouver du lombric plus vite,ton désir a trouvé la réponse dans le système..;rassures toi,tu n’es pas le seul schizophrène…

  2. Mathieu dit :

    une personne issue du SEL de Beauvechain vient de répondre à ma question, dans un mail, et me dit ceci :

    « Je ne crois pas que ns ns ferons couper l’herbe sous le pied par 1 société commerciale, c’est plutôt les Sel, routes de Sels et mouvements de ce type, si nombreux, qui progressent lentement mais sûrement, offrant une alternative passionnante à la société de l’argent.
    D’ailleurs nous sommes “adossés” aussi au passionnant mouvement des “villes et villages en transition” (permaculture) , mouvement qui se répand aussi comme trainée de poudre, dont un des multiples objectifs est de créer aussi des monnaies locales . Mais bon, j’ai dit que je ne peux prendre le temps d’une vraie réponse, j’en resterai donc sur ces quelques pistes. »

    ok, :)

  3. Mathieu dit :

    Une troisième réaction par mail :
    _________________

    « A titre personnel, je ne vois pas de menace et trouve assez complémentaire des initiatives commerciales qui souhaitent créer du lien et de la solidarité avec une efficacité que des bénévoles uniquement ne peuvent pas toujours assumer. La question des temps de réponses a été évoquée à plusieurs reprises lors de nos rencontres au SelOgazion et la meilleure réponse a été l’autonomie et la responsabilisation des membres. Un peu long à expliquer par écrit, mais pourquoi pas lors d’une rencontre »

  4. Teddy dit :

    Salut,

    C’est pour ça que chaque SEL doit rester actif et doit sans cesse innover face aux entreprises. Chaque SEL doit avoir une valeur ajoutée dans son fonctionnement qu’une entreprise ne pourrait pas proposer.

    Si un SEL n’avance pas dans son évolution (peu importe les raisons, qu’elles soient manque de réunions, principes trop conservateurs, manque d’activités…), elle finira par disparaître.

    Accessoirement, se revendiquer d’un modèle affranchi, un peu à la manière de ce que le libre est aux logiciels, pourrait faire quelque émules…

  5. Joaquim dit :

    Ca fait déjà longtemps que Streetbank et d’autres existent ; voir : http://intersel.be/viewforum.php?f=27

    Il n’y a pas de menace.
    Tous ces mouvements fonctionnent en parallèle et chacun choisi ce qui lui convient, au moment qui lui convient. Les humains ont un biorythme changeant, les machines ont des bits fixes.

    Il ne faut pas se tromper. Ce n’est pas parce que quelque chose est affichée sur un site que tu auras tout de suite une réponse, même dans streetbank et consort.

    Notre société est devenue tellement perverse et déboussolée que nous voulons tout et tout de suite. Pour certains, le mot « patience » devrait être retiré du dictionnaire et je m’adresse surtout aux plus jeunes (provoc.) qui croient tout comprendre mieux que les autres, mais qui sont encore assez immatures pour croire qu’ils changeront l’économie mondiale par les SEL. (à méditer…)
    A l’ère du smartphone où l’on croit tout comprendre, car on a lu 2 phrases sur google, il serait peut-être temps de se remettre en question!

    Pour ceux qui essaient de trouver des opportunités financières dans le SEL. Ils seront vite déçus par les SEL. hehehehe…

    L’idée même des SEL est éphémère, car une fois qu’un réseau local se crée et que les personnes HUMAINES se sont rendus des services HUMAINS, les liens HUMAINS se créent alors et souvent on a même plus besoin du SEL. Et c’est très bien !
    Ce n’est pas l’outil qui fait l’homme, mais l’homme qui façonne ses outils.

    L’histoire nous montre que les mégalomanes se sont toujours plantés.

    Je ne crois pas que le SEL ait une vocation politique, d’ailleurs dans la majorité des chartes pour ceux qui les lisent (;-)), le contraire y est spécifié.
    Comme je l’avais déjà mentionné ailleurs, pour que les SEL puissent continuer à exister socialement, le principe même des monnaies locales doit disparaître, car il est de trop près lié à l’économie. Pour certains bobos, c’est très amusant. Mais pour la majorité des gens, on veut des euros en fin de mois et pas de billets de monopoly. Ces monnaies locales sont un trompe-l’œil.

    Pour info, les SEL existent depuis près de 35 ans au niveau mondial.

    Perso, le SEL m’a apporté des rencontres inattendues, de coup de mains, mais aussi des échanges d’idées contradictoires. Il m’a aussi permis de choisir quel orientation pour les SEL qui sont chez nous. Ce sont des années de réflexion.

    « Rien ne vaut le gâteau de grand-mère, il est fait avec patience ». C’est jamais la même chose quand c’est industriel.

  6. fultrix dit :

    Plus que les SEL, pour le compostage je peux vous préciser quelques petites choses :
    Vous pouvez composter en dédiant simplement un coin de votre jardin, avec ou sans composteur spécifique. C’est au contact du sol que se fera l’échange avec les lombrics. Il n’est pas nécessaire d’ensemencer avec ces petites bêtes …

  7. chatou11 dit :

    Bonsoir Mathieu, je dis bravo car je me suis battue en haute savoie pendant 10 ans pour que la commune installe des composteurs dans les écoles. Le mien je le faisais dans un coin de mon jardin, et j’y ajoutais des coquilles d’oeufs broyées, des cartons coupés en tout petits morceaux et quels fins branchages pour faire l’aération. Le lombricompostage c’est pour de petites quantés de compost. Alors bon courage et mange beaucoup de légumes pour avoir les épluchures..
    douce soirée et merci de ta visite
    chatou

  8. chatou11 dit :

    Je voulais te dire que les SEL devraient exister dans toutes les communes. Je faisais partie d’une de ces associations et les échanges de service que l’on fait sont formidables

    • Mathieu dit :

      Bonjour chatou, en Belgique, ils sont en plein développement. Il y en a déjà 60 à bruxelles et en Wallonie. Et à peu près la même chose en Flandre. ça me fait espérer que ça pourrait exister dans toutes les communes…;)

  9. Moi la recherche de ver me fait penser à décomposition et décomposition à la société actuelle … qui est pleine de ver et ne cesse de se decomposer.

  10. poukitousse4 dit :

    Merci beaucoup Mathieu pour ce renseignement!(j’ai aussi fait le pas pour le lombricompostage, mais malheureusement ils sont morts par ma faute..j’avais acheté ces vers dans un grand magasin de sport métro Eddy Merckx…rayon « pêche »)

    • Mathieu dit :

      ah, merci pour le tuyau…
      moi je les attire avec du marc de café dans un piège à vers, au fond du jardin de mes parents. Je n’sais pas si ça va marcher ;)

  11. valentin dit :

    Si ça va marcher du moment où tu t’es lancé!Courage

  12. Pad'R dit :

    A reblogué ceci sur .

  13. chatou11 dit :

    Bonne semaine Mathieu et merci de ta visite.

  14. […] membre à ensuite la possibilité de contacter quelqu’un (s’il le souhaite), afin de se voir offrir un service. Si la personne contactée accepte de rendre le service en question, et de consacrer par exemple […]

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